Article original publié par le think-tank Oxford Business Group. Vous pouvez le consulter ici
Au Maroc, la consommation d’électricité est en progression constante et devrait doubler d’ici 2020. Les importations d’énergie font pression à la fois sur la balance commerciale et sur le déficit budgétaire. Pour faire face à ce problème, le gouvernement travaille à la mise en place des projets ambitieux visant à augmenter les capacités de production d’électricité du pays.
L’état poursuit en particulier l’objectif d’accroître considérablement la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique du Maroc. Il a attiré des investissements étrangers dans le secteur et plusieurs projets solaires et éoliens devraient voir le jour dans les prochaines années grâce à des financements européens.
En mai, la capacité totale de production d’électricité au Maroc était de 6405 MW, dont 67% a pour source le charbon et les hydrocarbures. Le pays importe également 15 à 20% de son électricité d’Espagne. La demande est en rapide croissance – la consommation d’électricité a augmenté de 6,9% par an en moyenne entre 2002 et 2010, atteignant 26,5KWh à la fin de cette période. Selon les prévisions du gouvernement, la demande pourrait atteindre le double de son niveau actuel d’ici 2010 et quadrupler d’ici 2030.
Pour subvenir aux besoins en électricité du pays, le gouvernement marocain a adopté et est en train de mettre en œuvre une stratégie en 3 étapes. La première consiste à augmenter les capacités de production et l’efficacité du réseau national. Elle est à court terme avec une exécution de 2009 à 2012. Depuis 2009, le Maroc s’est doté d’une capacité de production supplémentaire de 1085 MW, pour un coût de 12 milliards de dirhams (1,05 milliards d’euros).
Dans le cadre de son programme de restructuration du réseau dans sa totalité, le Maroc a dévoilé des centrales électriques de nouvelle génération. Parmi ces nouvelles installations, on peut citer un parc éolien de 140 MW près de Tanger ainsi qu’une centrale thermo-solaire à Ain Beni Mathar, dans le nord-est du pays. Au cours de cette période, le gouvernement a également investi la somme de 2,5 milliards de dirhams (218,5 millions d’euros) dans des travaux de modernisation et de rénovation afin de stimuler l’efficacité des centrales.
La deuxième phase du projet, qui correspond au moyen terme et se déroulera entre 2013 et 2019, vise à diversifier la production électrique en augmentant la contribution des énergies renouvelables et du gaz naturel. L’objectif du gouvernement est que 42% de la capacité de production en électricité soit assuré par les énergies renouvelables d’ici 2020, par rapport à 33% en 2009, avec une répartition égale de l’hydroélectrique, de l’éolien et du solaire. La capacité de production d’électricité solaire et éolienne, qui représentait 4% de la capacité totale en 2009, atteindra alors les 28%. La dernière étape du projet, sur le long terme (2020-2030) ira encore plus loin dans le développement des sources d’énergies alternatives.
Augmenter la part des énergies renouvelables semble être une bonne tactique pour le Maroc. Le pays est fortement dépendant des importations d’hydrocarbures, dont il ne dispose pas en quantité suffisante. Les prix élevés du pétrole sur le marché international ont donc exercé une forte pression sur la balance commerciale du pays. Les subventions du gouvernement visant à maintenir la stabilité du prix du fuel, qui est actuellement à la source de 27% de la production d’électricité, font également pression sur le déficit budgétaire.
Contrastant avec la situation du fuel importé, des panneaux solaires installés dans les régions désertiques du pays sont capables de produire plus de 5,5 KW au mètre carré. Le pays, doté d’une longue côte, dispose également d’un fort potentiel éolien – l’objectif du gouvernement est d’atteindre une capacité de production d’électricité de 25000 MW rien qu’avec l’éolien on-shore. L’augmentation du recours aux énergies renouvelables devrait permettre de ramener le pourcentage de production d’électricité assurée par le fuel à 10% de la production totale d’ici la fin de la décennie.
Les investissements étrangers, avec l’afflux de capitaux vers plusieurs projets prévus très prochainement, aident le gouvernement à atteindre ses objectifs en matière d’augmentation de la capacité de production, en particulier en ce qui concerne les énergies renouvelables. Desertec Industrial Initiative (Desertec), l’entreprise allemande à l’origine du colossal projet transnational d’énergie solaire et éolienne au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a annoncé en octobre sa décision d’implanter sa première centrale solaire au Maroc, préférant le royaume à son concurrent algérien.
Le démarrage du chantier est prévu pour le début de l’année prochaine, pour un investissement de 800 millions de dollars US. Prennent part à Desertec un large éventail d’investisseurs, parmi lesquels d’importantes banques européennes, des entreprises du secteur énergétiques etc., qui voient dans le projet une occasion de tirer parti des ressources conséquentes de la région en énergie renouvelable et, à terme, d’exporter l’électricité fournie par les énergies solaire et éolienne vers l’Europe et l’Afrique.
L’entreprise française GDF Suez a annoncé en septembre un projet d’investissement de 2,2 milliards de dirhams (192,28 millions d’euros), à savoir la construction d’un parc de 45 éoliennes, d’une capacité de 135 MW, près de Dar Chaoui à 30 kms à l’est de Tanger. Ce parc éolien sera le troisième du pays. Il devrait être opérationnel d’ici décembre 2012 et permettre d’augmenter la capacité de production d’électricité éolienne de près de 50%.
La construction d’un quatrième parc éolien, prévue sur une période de trois ans, devrait commencer prochainement. D’une capacité de 150 MW, il sera situé dans la région de Taza et sera constitué de 75 éoliennes, pour un coût de 3 milliards de dirhams (262,2 millions d’euros).
Une expansion des sites existants est également prévue grâce à des investissements étrangers. L’entreprise française Theolia a racheté en juin les parts de l’Office National de l’Electricité marocain (ONE) dans le premier parc éolien du pays, Koudia Blanca près de Tétouan, pour la somme de 16 millions de dirhams (1,4 millions d’euros). Elle compte faire passer la capacité actuelle de production de 60 MW à 100 MW d’ici le milieu de l’année prochaine puis atteindre un objectif final de 300 MW à l’horizon 2014.
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