Quel est votre diagnostic de la situation de la Responsabilité Sociale des Entreprises au Maroc?
Le préalable à la question du diagnostic de la situation de la Responsabilité Sociale des Entreprises au Maroc est de savoir si les entreprises sont conscientes de l’impératif de Responsabilité Sociale. Force est de constater que les initiatives sociales sont, en général, le fait de quelques entreprises, et que leurs budgets d’action sociale sont faibles, je dirais, au niveau epsilon. C’est un état de fait qui mériterait d’être sujet à une étude universitaire.
Faire preuve de responsabilité sociale ne se limite pas à donner de l’argent mais à s’impliquer en entreprenant, par exemple, un effort de sensibilisation et de mobilisation du personnel de l’entreprise afin de contribuer à développer une culture du bénévolat.
C’est bien pour cela qu’Injaz demande à ses entreprises partenaires, tant une contribution financière qu’en ressources humaines, à travers la mise à disposition de cadres des entreprises concernées pour des actions de bénévolat auprès des collégiens et lycéens des établissements ciblés.
Il s’agit d’un travail de longue haleine pour familiariser les cadres et les citoyens à la RSE, et ce, dès le plus jeune âge. Ceci passe par installer le concept, très en vogue dans les pays anglo-saxons, de « community service », le service à la communauté, afin de mener des projets sociétaux.
Quels sont les freins à la généralisation des démarches de la Responsabilité Sociale des Entreprises au Maroc ?
La responsabilité du faible développement des démarches de responsabilité sociale est partagée.
L’objectif des actions d’Injaz est de développer l’esprit d’entreprise parmi les collégiens et les lycéens ciblés. Ce que nous réussissons et est corroboré par des chiffres d’études.
Les entreprises sollicitées cherchent à avoir un double impact tant en termes d’image institutionnelle perçue qu’en épanouissement personnel de leurs cadres.
Les entreprises s’attendent aussi à être sollicitées sur des projets concrets car elles sont inondées de demandes. Elles attendent de leurs partenaires associatifs des processus de gouvernance irréprochables, de se soumettre à des audits internes et de s’engager sur la pérennité de leurs actions.
Les entreprises responsables doivent consacrer une partie de leurs résultats à l’action et s’intéresser à leurs ressources humaines futures comme elles s’intéressent aux ressources financières et techniques.
Quels sont les projets de développement d’Injaz sur la prochaine période ?
L’objectif principal d’Injaz Morocco est de stimuler l’esprit des entreprises des jeunes marocains.
Au Maroc, d’un point de vue institutionnel tout est mis en place pour favoriser la création des entreprises mais l’échec de Moukawalati est là pour nous rappeler une réalité inévitable : il faut former et mentaliser à l’acte d’entreprendre, et ce, à tous les âges.
Nous ciblons les collégiens et lycéens. Nous ambitionnons d’élargir notre action aux étudiants du supérieur. Nous mènerons, par ailleurs, des actions auprès des porteurs de projets.
Eduquer à l’entrepreunariat est une action que nous comptons mener, à l’ horizon 2015, auprès de 100000 jeunes marocains, pour aboutir à la création, à plus long-terme, de plusieurs dizaines de milliers d’entreprises. Enfin, nous visons l’ouverture de plusieurs sections régionales.
Rien de cela ne serait possible sans l’implication des plus de 50 grandes entreprises qui contribuent financièrement et mobilisent leurs cadres.
Mhammed Abbad Andaloussi, ancien Directeur de Banque, mobilise les entreprises pour leur implication dans l’éducation.
Il a notamment lancé l’association Al Jisr pour la mise à niveau des écoles publiques et l’association Injaz Al Maghrib pour stimuler l’esprit d’entreprise des jeunes
M. Andaloussi est aussi membre du Conseil Supérieur de l’Enseignement et des réseaux internationaux d’entrepreneurs sociaux Ashoka et Synergos
En 2010, il a obtenu les prix de l’Entrepreneur Social de l’année 2010 pour l’Afrique du Nord et le Moyen Orient décerné par la Fondation Schwab et le World Economic Forum.
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