Dépêches– Les déchets médicaux et hospitaliers, de par les produits organiques et biologiques nocifs qu’ils contiennent, représentent un réel danger aussi bien pour la santé des citoyens que pour l’environnement de manière générale, rendant nécessaire l’observation stricte des lois en vigueur.
.—Par Essibi Abdenbi—.
L’existence au Maroc d’un arsenal juridique régissant la gestion des déchets médicaux en termes d’interdiction de leur rejet dans les décharges publiques et la nécessité de les traiter conformément aux critères reconnus mondialement, n’a pas changé la donne à Marrakech où, le danger semble être toujours présent en raison de l’insouciance de certaines parties à se conformer aux lois en vigueur.
Le mélange de déchets médicaux avec les ordures ménagères et leur rejet directement en pleine nature ou tout au moins dans la décharge publique n’est pas sans engendrer de graves risques de contamination par certaines maladies chroniques (Sida, Hépatite, lésions cutanées etc.) notamment, pour les enfants et surtout les employés des sociétés de nettoyage et de gestion des déchets, qui sont les premiers à avoir un contact direct avec ces produits nocifs.
Composés le plus souvent de pansements, compresses, sérums, d’outils aigus et de lames utilisés lors des interventions chirurgicales, de produits chimiques et de matières parfois radioactives, ces déchets doivent être traités en faisant recours à des équipements sophistiqués et modernes largement conçus pour cette fin.
+ Les établissements hospitaliers, producteurs des déchets médicaux+.
Les établissements hospitaliers, les cliniques et les laboratoires biologiques sont considérés comme étant les premiers producteurs des déchets médicaux et pharmaceutiques, ce qui rend impératif pour ces établissements le respect strict des lois en vigueur, tout en adoptant les mesures nécessaires visant à renforcer le contrôle, et à assurer, dans des conditions optimales, la collecte, le transport et le traitement de ces déchets ou leur destruction de manière légale, dans l’optique d’atténuer leurs effets sur la nature et l’Homme.
Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Mohammed VI à Marrakech qui compte actuellement 826 lits, consacre annuellement près de 800.000 DH pour la gestion des déchets médicaux, dont le volume annuel est estimé 122.374 kg, dont 94.675 kg de déchets mous (pansements, compresses, sérums), 4.846 kg de placenta, 16.303 kg de déchets sanguins, 2.267 kg d’outils aigus et tranchants, et 4.283 kg de solutions et produits de laboratoire biologiques, a confié à la MAP, le Dr Mohamed Said Belkadi, chef de la division des affaires professionnelles.
Et de faire remarquer que le CHU Mohammed VI a conclu une convention avec l’une des trois sociétés spécialisées dans ce domaine au Maroc pour la gestion de ces déchets, relevant que l’hôpital mère et enfant est considéré comme étant un modèle à suivre dans ce domaine.
De son côté, le vice- président du conseil communal de la ville de Marrakech, M. Adnane Benabdellah a fait observer qu’il existe un projet de mise à niveau de la décharge publique destiné à renforcer le contrôlé et à assurer sa meilleure organisation selon une série de critères destinés à mettre un terme à l’anarchie existante et de permettre d’établir un tri efficient des déchets ménagers de manière à identifier leur origine.
Et de poursuivre que les employés Œuvrant dans le secteur du nettoyage ne sont nullement autorisés à transporter les matières contenant des résidus médicaux
Dans le même sillage, il convient de signaler que l’hôpital mère et enfant relevant du CHU Mohammed VI a adopté une batterie de mesures draconiennes pour la gestion de ce genre de déchets, l’atténuation de leurs dangers et la garantie de la sécurité des patients, à travers l’adoption d’une stratégie homogène qui commence depuis la phase du tri, la collecte des déchets et leur répartition selon leur nature, avant leur dépôt dans un espace soigneusement aménagé pour cette fin et suréquipé en climatiseurs, appareils et équipements vestimentaires sophistiqués pour les employés.
Le Dr Azzedine Taha, directeur de l’hôpital mère et enfant a fait savoir, dans ce contexte, qu’en vertu d’un partenariat ficelé avec une société spécialisée dans la gestion déléguée de ce type de déchets, toutes les conditions ont été réunies pour une meilleure collecte, le transport et le traitement de ces résidus de manière efficace.
Il a tenu à préciser également que chaque service dispose, d’un dépôt de collecte intermédiaire de ces résidus en attendant leur transfert, le jour même, vers un dépôt final conformément aux critères mondiaux en vigueur, faisant observer que le budget alloué à l’hygiène représente 10 pc du budget global de l’hôpital.
+ Les déchets médicaux, une menace réelle pour l’environnement+.
Le responsable du bureau de préservation de l’hygiène hospitalière au sein du même hôpital, M. Soufiane Makhloufi a fait observer que les déchets médicaux constituent une menace réelle pour l’environnement surtout, s’ils ne sont pas traités de manière adéquate, relevant que le jus dégagé de ces déchets une fois déposés dans les décharges publiques, peut constituer un grave danger pour les nappes phréatiques.
Il a mis en avant l’importance de l’opération de tri des déchets et leur dépôt dans des sacs en plastique à distinguer par des couleurs différentes en fonction du danger des produits qu’ils contiennent. Ces sacs seront, par la suite, placés dans des caissons hautement fermés et soigneusement déposés à l’intérieur du dépôt final avant leur transport par la société gestionnaire vers l’une de ses usines dédiées au traitement de ce genre de résidus, explique-t-il.
+ Une gestion adéquate des déchets médicaux s’impose+
Pour nombre d’observateurs au fait des questions environnementales au niveau de Marrakech, la décharge publique de Marrakech a connu ces derniers temps une baisse notable des quantités de déchets médicaux qui y sont jetées surtout, après que les services concernés aient sensibilisé l’ensemble des établissements hospitaliers quant à la nécessité de se conformer aux dispositions juridiques en vigueur, relevant qu’un intérêt particulier a été accordé également au tri des déchets de manière à séparer les déchets ménagers de ceux médicaux.
Ils ont, par ailleurs, pointé du doigt l’absence d’une véritable stratégie relative au traitement des déchets médicaux déjà rejetés dans la décharge publique, lesquels représentent un réel danger pour les personnes opérant dans cette zone et une menace certaine pour les écosystèmes de manière générale.
Même son de cloche chez Ahmed Chahbouni, président du Centre de Développement de la Région de Tensift (CDRT) pour qui, il serait souhaitable pour les autorités compétentes d’établir un registre contenant l’origine, le volume et la nature des déchets transportés vers la décharge publique afin d’éviter que ces résidus ne polluent les eaux de surface et celles souterraines et par voie de conséquence, favoriser la propagation d’épidémies.
Il serait important également d’effectuer des opérations de contrôle sur place, d’assurer un suivi des opérations de tri des déchets et surtout, d’interdire le rejet des déchets susceptibles de contenir des matières industrielles toxiques.
M. Chahbouni s’est dit aussi en faveur de la multiplication des campagnes de sensibilisation auprès des populations sur les dangers que représentent les déchets médicaux, le renforcement du contrôle au niveau de la décharge publique et la mobilisation des efforts en vue de la préparation d’un plan régional de gestion des déchets solides.
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