Nous démarrons à travers la publication, en deux parties, de l’entretien avec M. Abdelaziz Mrani; Conseiller Technique en charge de la Composante 4 : « Gestion de l’Environnement Industriel
Le PGPE – Composante « Gestion de l’environnement industriel » occupe désormais une place de choix dans les actions de coopération technique allemande au Maroc. Quelles évolutions avez-vous connu ?
Depuis le lancement de la composante en 2002, nous avons pris une place de plus en plus importante dans le paysage des acteurs apportant une assistance technique de choix en terme de mise à niveau environnementale dans l’industrie.
En travaillant dans le cadre d’une étroite coopération avec le Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement (SEEE), partenaire institutionnel de la GIZ pour le PGPE, nous avons assisté à une dynamique de plus en plus importante du secteur de l’environnement au Maroc ces dernières années, notamment avec l’élargissement du cadre législatif et réglementaire, l’émergence d’initiatives publiques et privées, et la multiplication des signes forts de l’engagement politique, à tous les niveaux de l’Etat, pour faire de la protection de l’environnement un levier du développement socio-économique.
Dans cette dynamique, l’industrie, un des secteurs clés de l’économie marocaine, est de plus en plus pensée de manière à répondre aux besoins prioritaires du pays, en termes de création de richesses et d’emplois, pour tirer profit des accords de libre échange, et faire face à la concurrence régionale et internationale et à la disparition des barrières douanières cédant la place aux barrières environnementales. Des ambitions qui passent aussi par des modes de production où les ressources doivent être utilisées de manière efficace, et l’environnement géré de manière responsable.
Nous nous sommes inscrit dans cette dynamique et avons élargi nos domaines d’action, mais également nos zones d’intervention en vue de pouvoir toucher les maillons importants à même d’assortir nos intervention et nos instruments, d’impacts tangibles et de portées géographique et politique appropriées.
Quelle était la mission initiale de la Composante « Gestion de l’environnement industriel » ?
Quand elle avait été lancée en 2002, la composante qui était alors limitée à la ville de Mohammedia, avait pour mission d’apporter son assistance pour sensibiliser les entreprises industrielles de la ville et leur apporter des instruments simples pour les inciter à s’engager dans le gestion des questions environnementales de leurs activités. L’action était alors plus orientée vers la promotion des mesures simples et de bon sens, avec des économies de ressources dont les bénéfices économiques sont couplés aux bénéfices environnementaux. Si une telle approche est généralement convaincante pour les industriels, la gestion de la pollution en aval demeurait néanmoins et -demeure encore- une question moins aisée dans la mesure où elle fait appel à des investissements considérables, mais aussi à des possibilités techniques et technologiques, et des capacités humaines. Ceci n’est pas facile à affronter dans un contexte où le tissu industriel est constitué majoritairement de PME, et où et les instruments pour la mise en œuvre de la politique environnementale restent insuffisants, comme les textes d’application des lois, le système de contrôle, etc.
Comment se déroulent au quotidien, les actions et interventions de la Composante « Gestion de l’environnement industriel » ?
Sur la base des objectifs convenus entre la GIZ et le SEEE, la composante est de manière permanente, et dans la proximité, à l’écoute des acteurs industriels, notamment les entreprises et les association professionnelles, y compris les zones industrielles qui sont un maillon important dans la coopération avec le secteur. L’action est toujours en quête de solutions répondant aux besoins et servant les objectifs poursuivis :
• Nous développons et/ou facilitons l’adoption d’instruments répondant aux besoins immédiats de l’industrie, notamment des bénéfices économiques par des mesures simples qui réduisent aussi la pollution, comme l’économie de l’eau, de l’énergie et des matières premières, mais aussi des mesures organisationnelles ;
• Nous incitons les industriels à être proactifs et instaurer des systèmes de management de l’environnement, allant au-delà des mesures simples de bonne gestion d’entreprise, pour intégrer dans leur agenda, la responsabilité quant aux pollutions qu’ils génèrent, la veille réglementaire et technologique, l’impératif de renforcement des capacités de leur personnel, et le devoir de la transparence de l’information ;
• Nous appuyons le rapprochement entre les industriels et les instruments d’incitation financière tels que le FODEP, les subventions des Agences de Bassins Hydraulique, etc. Nous apportons aussi l’aide nécessaire pour faciliter l’engagement financier des industriels à lutter contre leur pollution, et mettons en exergue les bénéfices de leur engagement en terme d’image, de relation avec l’autorité et le voisinage, et d’opportunités de marché ;
• Nous mettons en place des mécanismes pour développer le dialogue et la coopération entre les industriels, directement ou dans le cadre de leurs associations, et entre l’industrie et l’administration publique, par exemple sur l’application des lois environnementales, ses instruments et ses implications…Ceci bien entendu en vue d’évoluer progressivement et de manière participative vers une gestion environnementale responsable, dans l’esprit de la loi et sans préjudice à l’épanouissement industriel.
De manière plus synthétique, on pourrait dire que la composante concilie, dans une perspective de progrès, l’offre et la demande dans la mesure où elle s’atèle à :
• Traduire les exigences et les instruments existants de la politique environnementale en des réalisations concrètes dans l’industrie (efficacité des ressources, dépollution), à travers la facilitation de leur assimilation et la planification, voire la concrétisation, de leur mise en oeuvre – (Offre)
• Traduire les besoins des industriels en terme de gestion des ressources et de l’environnement, en instruments appropriés, testés avec succès, documentés, et assortis des conditions pour leur ancrage comme outils de la mise en œuvre de la politique environnementale – (Demande).
Abdelaziz Mrani
Energéticien de profil, universitaire d’origine, a servi au Ministère de l’environnement depuis 1997, avant d’intégrer la GIZ (ex-GTZ) comme Conseiller Technique du PGPE en 2003, en charge de la composante urbaine (basée à Tanger) jusqu’à décembre 2006, puis responsable jusqu’aujourd’hui de la composante industrielle (basée à Mohammedia).
Laisser un commentaire