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Eau au Maroc : Rareté, Ressources, Réflexions

Les jardins publics sont rares dans nos villes. L’eau est rare dans nos nappes. La sensibilisation est rare dans les esprits.
Tout cursus d’économie commence par une approche de la notion de rareté. Un élément acquiert de la valeur quand elle se raréfie. Aujourd’hui, l’eau, la terre, l’air propre, la nourriture se raréfient.
La «prière de la pluie » organisée collectivement dans tout le pays il y a une dizaine de jours n’acquiert son importance qu’à la lumière des affirmations de certains médias liant l’épisode pluvieux survenu il y a trois jours à la cérémonie antérieurement relatée.
Nombreux sont les marocains qui voient tous les jours un rituel qui nous emplit de tristesse, été comme hiver, le gaspillage de l’eau à travers un arrosage des espaces verts de nos villes, en fin de matinée, c.à.d., le moment où l’évaporation tend à être maximale et, donc, tout arrosage, vain.
D’énormes quantités d’eaux tendent à être gaspillées du fait d’usages non optimisés ou non réalisés, est-il nécessaire de rappeler les pertes dus au mauvais ététs des réseaux d’adduction d’eau, avoisinant les 30%. Pendant ce temps-là, évolution démographique et changement climatique aidant, le capital eau par habitant disponible a été divisé par 4 depuis les années 60.
Les autorités marocaines ont réussi des réalisations notables en termes d’accessibilité du plus grand nombre de nos concitoyens à l’eau potable avec des impacts non seulement sur les indicateurs de santé publique mais aussi de la scolarisation féminine rurale du fait de la suppression des corvées d’eau.
L’effort de communication, institutionnelle et documentaire, est louable. Une panoplie de sites institutionnels, thématiques, constituent un réseau étoffé d’information mais malheureusement, ni médiatisé ni actualisé. Nous regretterons cependant la disparition de campagnes de sensibilisation dans les médias de masse ainsi que des séances de sensibilisation en école primaire, à l’instar de ce qui se fait dans de nombreux pays.
Erik Orsenna rapporte dans « L’Avenir de l’Eau » l’expérience de Singapour, Cité-Etat asiatique reconnue dans la finance, les hautes technologies, la logistique portuaire et désormais, dans la gestion de l’eau. Cas de figure exemple de la communion d’intérêt entre un Etat stratège et un secteur privé dynamique. Depuis plusieurs décennies, des Singapour s’est engagée dans une politique de travaux d’infrastructures visant à assurer une autosuffisance intégrale en eau à horizon 2061. Une autosuffisance qui passe par la mise n place de réservoirs d’eaux, de stations de déssalement ainsi que des usines de traitement des eaux usées. Au travers de leurs multiples efforts de sensibilisation, réussi le challenge de la stabilisation de la baisse de la quantité d’eau utilisée par habitant, de 176 litres à 155 litres depuis 1994.
Dès lors, il est important de réfléchir à adopter une démarche raisonnée de gestion de la ressource eau similaire à celle adoptée avec l’énergie à travers, pourquoi pas, une agence dédiée à l’efficacité hydraulique.

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