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Quel lien entre vitesse et pollution automobiles ?

Il est convenu que diminuer la vitesse implique une réduction de la pollution émise. Mais ceci n’est pas toujours le cas.
L’opinion majoritaire nous explique que plus faible est la vitesse de circulation, moindre sont la consommation et la pollution. La réalité est plus nuancée. Bart Degraeuwe, chercheur à l’Institut Flamand de Recherche Scientifique (www.vito.be), la réduction de la consommation au kilomètre parcouru ne se réalise pas linéairement en fonction de la vitesse.
La résistance aérodynamique d’une voiture est proportionnelle au carré de sa vitesse. Ceci signifie que la consommation sera, effectivement, très élevée à la vitesse de 120 kilomètres/heure et qu’elle baissera significativement lors d’un ralentissement à plus de 70 kilomètres/heure, mais pour un ralentissement à moins de 70 kms/h, la baisse de la consommation ne se remarquera pas, outre mesure.
Le chercheur belge nous détaille que la baisse de la consommation si elle n’est plus remarquable entre 50 kms/h et 70 kms/h, s’annule complètement à des vitesses plus basses, elle peut augmenter. « A des vitesses très basses, le rendement du moteur est moins bon », indique Degraeuwe. Ceci est fonction du type de voiture, petite ou grosse cylindrée.
Par ailleurs, les émissions de gaz polluants émises par les tubes d’échappement ne sont pas tous liées à la consommation de carburants. Si cela est vrai pour le CO2, ceci n’est pas vrai pour d’autres polluants comme le NOx (Oxyde d’azote), dont l’émission dépend d’autres facteurs comme de la qualité de combustion du moteur ou du catalyseur ou encore de la qualité du carburant utilisé. Le chercheur belge précise que les émissions de NOx augmentent avec la température du moteur, ce qui arrive en circulant à très grande vitesse mais elles peuvent aussi augmenter au moment de baisser la vitesse de circulation du fait d’une plus mauvaise combution du carburant, à des températures plus basses.
Quelles conséquences peuvent avoir les politiques publiques consistant à limiter la vitesse de circulation afin de réduire les émissions des véhicules ? Ceci est précisément l’objet d’une étude à laquelle a participé Monsieur Degraeuwe et d’autres chercheurs du l’Institut Flamand de Recherche Scientifique et dont une synthèse a été publiée dans Transport Policy. Leur conclusion principale signale qu’il s’agit d’une mesure efficace à mettre en œuvre sur les voies rapides (réduire à 90 kms/h) mais son intérêt diminue sensiblement en zone urbaine. Le seul intérêt d’une forte limitation de la vitesse en zone urbaine tient plus à la sécurité des automobilistes et piétons. De vraies mesures permettraient de réduire l’impact de la pollution urbaine d’origine automobile, et c’est bien entendu, de favoriser les moyens de transport en commun et de mettre en place des pistes cyclables.
Passer des études et des simulations aux observations sur le terrain permet de remarquer que les évolutions des émissions de polluants dépendent du calibrage du moteur, de la fluidité des transmissions, de la qualité des filtres et des valves, du type de carburant utilisé. Installer un panneau de limitation de vitesse à un emplacement donné de la ville fera que certaines voitures verront leur consommation baisser, et d’autres, le contraire.


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