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Interview: José Manuel Reyero, Conseiller économique et commercial de l’ambassade d’Espagne au Maroc

José Manuel Reyero est Conseiller économique et commercial de l’ambassade d’Espagne au Maroc. Il est titulaire d’une licence en sciences économiques et économiste d’Etat en 1974 et occupa précédemment les postes de Conseiller commercial à Belgrade et Miami.

Jose Manuel ReyeroPourriez-vous nous dresser un bref historique des projets menés par les opérateurs espagnols dans le domaine des secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources au Maroc ?
Les sociétés espagnoles sont présentes au Maroc dans la plupart des secteurs, car le Maroc est la deuxième destination des exportations espagnoles hors UE et l’Espagne est le deuxième investisseur étranger (en stock) au Maroc.
L’Espagne, en tant que pionnier en matière d’énergies renouvelables et l’un des leaders du marché mondial, a également collaboré avec le Maroc pour diversifier son secteur énergétique, jusqu’à présent très dépendant des hydrocarbures et, par conséquent, de l’extérieur.
Le Maroc a un grand potentiel, aussi bien solaire qu’éolien, qui s’ajoute à la volonté des autorités pour booster les mécanismes de développement propre. Dans ce cadre, la coopération espagnole est très importante pour mettre ces mécanismes en œuvre.
En ce qui concerne la gestion des déchets, des sociétés espagnoles sont déjà présentes sur le marché marocain et souhaitent renforcer leur présence grâce à l’engagement acquis avec la rédaction de la Charte de l’Environnement.

Pourriez-vous rappeler quelques chiffres concernant les relations économiques entre votre pays et le Maroc dans les secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources?
D’ailleurs, je voudrais signaler quelques données :
– Réalisation de la seule centrale solaire au Maroc (à Ain Béni Mathar)
– Responsables des deux plus grands parcs éoliens du Maroc
– Réalisation de la carte éolienne du Maroc et des études de faisabilité en matière d’énergies renouvelables
– Participation au Plan d’Electrification Rurale Globale, PERG,
– L’Espagne a créé les seules interconnexions électriques qui fournissent le Maroc en électricité en provenance d’Europe
– Participation aux projets de coopération dans les sites à besoins spécifiques
– Fournisseurs des aérogénérateurs, des plaques photovoltaïques thermo-solaires.
– Signature d’accords cadres au sein du programme EnergiePro de l’ONE.
– Modernisation des centrales hydroélectriques
– L’un des pionniers à traiter les déchets des hôpitaux au Maroc
– Gestion des déchets dans les quartiers des grandes villes

De quels appuis bénéficient les projets menés par les opérateurs industriels espagnols?
Les Bureaux Économiques et Commerciaux de l’Ambassade d’Espagne à Rabat et à Casablanca, ainsi que les Chambres de Commerce et d’autres organismes régionaux installés au Maroc donnent un soutien institutionnel aux sociétés, qui se concrétise en information et orientation vis-à-vis du marché marocain.

Comment s’organise et se déroule la collaboration avec les partenaires marocains?
L’Espagne a toujours de bonnes relations avec ses partenaires marocains. L’expérience nous montre qu’à chaque fois que les sociétés espagnoles ont travaillé avec des sociétés marocaines, il y a toujours eu des résultats positifs. En matière d’énergies renouvelables, encore plus, car c’est le grand pari énergétique des deux pays et nous avons des intérêts en commun.

Quelles ont été les actions menées par les opérateurs économiques de votre pays dans les secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources sur la dernière période ? Quelles autres actions sont prévues?
L’Espagne a organisé la première réunion sur le Plan Solaire Mediterranéen, à Valence, en mai dernier. Elle a aussi organisé la Première Rencontre Hispano-Marocaine des Energies Renouvelables à Tanger et Casablanca, en octobre 2009. Enfin, l’Espagne a aussi participé aux rencontres qui ont eu lieu cet été à Assilah sur les énergies renouvelables et le développement humain.
L’Espagne participera également au salon Pollutec Maroc en octobre prochain avec pavillon officiel géré par l’Institut Espagnol de Commerce Extérieur (ICEX).
L’Espagne est en accord avec les grands programmes d’énergies renouvelables lancés par le Maroc et participe, ou a participé, au Programme d’Electrification Rurale Globale, au Programme Intégré de Production d’Energie Eolienne, au Programme EnergiePro… Elle collabore aussi très fortement dans les projets de l’ADEREE (ancien CEDER) et espère être également présente dans le Plan Marocain d’Energie Solaire.

Quelle perception ont les opérateurs espagnols de l’effervescence de projets et des annonces réalisés au Maroc en ce qui concerne les secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources?
Les hommes d’affaires espagnols sont optimistes quant au pari marocain sur les énergies renouvelables et la préservation de l’environnement. C’est un grand effort qu’on ne peut pas réaliser du jour au lendemain et le Maroc a su compter sur le soutien étranger dans les domaines de la technologie, le savoir-faire et le financement pour se faire accompagner dans tous ces projets qui ont été lancés. Les plans du Maroc semblent très ambitieux et volontaristes.

Votre pays occupe désormais une place de choix dans le secteur des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources à l’échelle mondiale. Quel a été le chemin suivi?
Notre gouvernement a fortement parié sur les énergies renouvelables, sur la gestion de déchets et l’efficacité énergétique, pas seulement pour accomplir le protocole de Kyoto ou les objectifs « 20/20/20 » de l’UE (20% énergies renouvelables, 20% réduction des émissions de CO2 et 20% économie d’énergies), mais aussi pour que l’Espagne devienne un leader technologique engagé avec l’environnement. L’Espagne s’est engagée dans cette voie depuis la crise du pétrole de 1971 et n’a pas cessé d’investir dans cette activité depuis lors.

Quels ont été les éléments déclencheurs de la politique industrielle sectorielle espagnols dans les secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources?
L’Espagne a opté par un système de primes et d’autres mesures d’incitation qui fixaient, par décret, les tarifs électriques pour les sources d’énergies renouvelables. Le Maroc a publié sa nouvelle loi en matière d’énergies renouvelables, mais n’a pas encore fixé à combien il achèterait cette énergie. Cela donne un point de manque de définition du cadre général étant donné qu’il y a un problème financier à résoudre, celui de l’origine des fonds, par conséquent il faudra connaître le mécanisme de repaiement de ce fonds. C’est pour cela que beaucoup d’entreprises hésitent encore à s’installer au Maroc.

Comment se manifeste le savoir-faire industriel des opérateurs espagnols sur votre propre territoire?
L’Espagne est l’une des références mondiales du développement, aussi bien technologique qu’industriel, des énergies renouvelables. En Europe, l’Espagne et l’Allemagne sont les deux pays qui enregistrent le plus de patentes dans ce secteur.

Quel est le poids économique des acteurs des secteurs des énergies renouvelables, gestion des déchets, et l’optimisation des ressources dans l’économie espagnols?
L’Espagne est le premier pays en puissance thermo-solaire installée dans le monde. C’est également un des principaux pays dans le développement de l’énergie éolienne avec ses 17.700 MW installés (dix fois plus qu’il y a dix ans et 70 fois plus qu’au Maroc). L’Espagne a pour objectif d’atteindre 40.000 MW éoliens (les jours les plus venteux, l’Espagne produit, uniquement avec de l’énergie éolienne, plus de 50% de sa production énergétique)
En plus, l’Espagne maintient une interconnexion électrique avec le Maroc. Grâce a cette dernière, en 2009, d’après les données de l’ONE, elle a fournit au Maroc plus de 18% de l’énergie demandée dans tout le pays.
Le grand secteur de l’environnement atteint en Espagne un chiffre d’affaires de plus de 10.820 millions d’euros, soit une part du marché mondial de 3,2%, ou 1,2% du PIB espagnol.

Interview réalisée dans le cadre de notre partenariat avec Le Soir.


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