Un an après Copenhague, la cité balnéaire mexicaine de Cancun s’apprête à devenir lundi la capitale mondiale du climat, avec plus de 190 pays réunis pour tenter de redonner élan et crédibilité à des négociations qui piétinent.
Du 29 novembre au 10 décembre, les négociateurs, rejoints vers la fin de la réunion par les ministres de l’Environnement et/ou de l’Energie de leur pays, vont chercher à acter un certain nombre d’avancées dans la lutte contre le changement climatique.
Mais au bord de la mer des Caraïbes, les attentes sont beaucoup plus modestes qu’avant la très médiatisée conférence de l’Onu sur le climat dans la capitale danoise.
Et le profil bien plus bas: les chefs d’Etat ne sont pas attendus pour signer un éventuel accord, et le centre de conférence n’est en rien pris d’assaut par les journalistes et ONG, comme il y a un an.
Quant au personnel masculin du secrétariat de la Convention-cadre de l’Onu sur les changements climatiques (CCNUCC) – sous l’égide de laquelle se déroulent ces négociations-, il est dispensé de veste et de cravate… chaleur oblige, mais aussi signe d’une certaine décontraction?
Il est entendu depuis des mois qu’il ne faut pas attendre d’accord global et ambitieux, qui répartirait entre pays les efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES), avec un objectif à la hauteur des exigences de la science.
La conférence de Copenhague s’était, elle, soldée par un accord conclu à la hâte par une vingtaine de chefs d’Etat, qui fixe comme objectif de limiter à 2° la hausse de la température du globe, sans calendrier et en restant flou sur les moyens d’y parvenir.
A Cancun, on évoque plutôt une « paquet équilibré » de mesures, comme la lutte contre la déforestation ou encore le transfert de technologies aux pays les plus vulnérables. « S’il y a un succès à Cancun, ça ne pourra être qu’un succès très modeste, voire un accord de façade », déclarait récemment l’ambassadeur climat de la France, Brice Lalonde.
Car au Mexique, se joue la crédibilité du long et complexe processus de négociation sur le climat, lancé sous l’égide de l’ONU il y a 18 ans, et qui piétine, avertissent nombre de négociateurs.
Si Cancun échoue », alors nous devrions vraiment nous demander si ce processus peut vraiment régler cette question très importante du siècle pour l’humanité », a déclaré dimanche le négociateur en chef de la Commission européenne, Artur Runge-Metzger.
Pour Yvo de Boer, l’ex-Monsieur climat de l’ONU, le consensus est difficile à atteindre quand « vous avez autour de la table 192 pays aux besoins très différents: producteurs de pétrole, petits Etats insulaires sur le point de disparaître, grands pays industrialisés qui veulent sauvegarder leurs avantages économiques, émergents qui veulent la croissance et éradiquer la pauvreté ».
Mais, selon lui, l’Onu reste le meilleur cadre possible. Elle permet, dit-il dans une interview au National Geographic, d’offrir aux pays du Sud les plus pauvres qui « seront les premiers à subir les impacts » du changement climatique de « pouvoir au moins un peu parler des moyens de s’y adapter et de les aider ».
A Copenhague, les pays industrialisés se sont engagés à mobiliser pour eux 30 milliards de dollars de 2010 à 2013, et 100 milliards par an d’ici à 2020.
A la veille de l’ouverture de la conférence, certains se méfiaient d’un accord au rabais, à l’instar de la Bolivie qui dit craindre que Cancun ne serve qu’à entériner l’accord de Copenhague, qui n’a pas été intégré à la CCNUCC, et qu’elle rejette.
« Cancun ne doit pas être l’Accord de Copenhague, acte 2 », a déclaré la délégation bolivienne dans un communiqué.
AFP
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