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Salon « Halieutis »: Débat sur l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins

Dépêche

Agadir, 27/01/11- Experts, professionnels et responsables institutionnels nationaux et étrangers se sont penchés jeudi à Agadir, à l’occasion du 1er Salon international « Halieutis », sur l’impact des changements globaux sur les écosystèmes marins, un sujet qui interpelle la communauté internationale à l’heure où la pression est particulièrement forte sur les ressources halieutiques et sur l’environnement en général.

Cette problématique est devenue « un enjeu majeur avec à terme de fortes implications environnementales, ce qui appelle des stratégies d’atténuation et d’adaptation à mettre en Âœuvre pour anticiper ces effets sur l’environnement, la ressource et l’homme », relève le Directeur général de l’Institut national de recherche halieutique (INRH), Mustapha Faik.

Crédit: MAP
« Les Océans sont de hauts lieux de la biodiversité mondiale. Les changements globaux, incluant le réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer et les pressions anthropiques directes provoquent des modifications profondes de ces océans », a-t-il expliqué.

M. Faik a rappelé, à cette occasion, que les objectifs essentiels du secteur de la pêche portent sur l’accroissement de la production de protéines animales et végétales à travers le développement et l’optimisation des moyens de la pêche et de l’aquaculture, la valorisation des milieux marins, l’émergence de pôles socio-économiques, la préservation des habitats et des espèces et la promotion des exportations.

Les produits halieutiques participent à l’alimentation de 3 milliards de personnes dans le monde

L’ensemble de ces objectifs ne peut être atteint, relève nombre d’experts présents à Agadir, sans un examen de la durabilité du développement du secteur de production halieutique.

Il faut dire que l’impact de l’économie globalisée sur les ressources marines est d’une extrême importance: les produits halieutiques participent à l’alimentation de trois milliards de personnes dans le monde. Ils figurent en effet parmi les aliments les plus échangés dans le cadre du commerce international, avec plus de 37% de la production mondiale faisant l’objet d’échanges internationaux.

Au cours des 50 dernières années, les changements politiques, sociaux, économiques et technologiques, survenus dans les différentes parties de la planète, ont inévitablement contribué à une intensification et à une internationalisation à la fois des flux commerciaux des produits de la pêche et de l’exploitation halieutique, engendrant une accumulation des capacités de pêche au niveau mondial concentrées notamment dans les régions les plus productives de la planète.

Les débarquements des pêches de captures marines sont ainsi passés à l’échelle mondiale de 20 millions à 70 millions de tonnes en un demi-siècle. Ceci n’a pas été sans conséquence sur la productivité des ressources.

Selon la FAO, plus de 80% des stocks de poissons pour lesquels des résultats d’évaluation sont disponibles sont actuellement déclarés pleinement exploités ou surexploités.

Ce qui laisse supposer que : « le potentiel maximal de prélèvement sur les stocks naturels des océans de la planète a probablement été atteint « .

Sans une approche rationalisée de l’exploitation, la pêche fera certainement peser une menace non seulement sur la durabilité des ressources et leur biodiversité, mais également sur l’intégrité des écosystèmes marins qui les maintiennent, met en garde l’expert Philipe Cury de l’Euro-Océans Consortium.

Une opportunité pour repenser le développement durable

« Les changements climatiques doivent être considérés comme une opportunité extraordinaire pour repenser non seulement la gestion des ressources halieutiques, mais le développement durable dans son ensemble », a-t-il indiqué.

La diminution de la biodiversité irait de pair avec une réduction exponentielle des fonctions essentielles des écosystèmes : une perte de 20-25% d’espèces pourrait en effet engendrer une perte de 50 à 80 pc de fonctions des écosystèmes, s’alarment les experts.

D’un autre côté, le manque à gagner sur le plan économique provoqué par la surpêche, à la pollution et à la perte d’habitats suite à l’intensification des activités anthropiques dépasseraient, selon les estimations, 50 milliards d’USD par an au niveau international.

Avec 70% de la surface de la planète, les océans constituent un assemblage d’écosystèmes qui génèrent, sous forme de phytoplancton, la moitié de la production végétale nette mondiale, production qui se trouve à la base de l’importante chaîne alimentaire soutenant le secteur de la pêche, rappellent les experts.

Pour le cas du Maroc, le DG de l’INRH souligne que les conséquences de l’imbrication des changements aux échelles globale et locale sur nos environnements naturels et économiques posent un défi à la gestion des pêches.

Avec le Plan Halieutis, le Royaume s’est inscrit, indique-t-on auprès du Ministère de tutelle, dans une dynamique portant sur trois axes : la durabilité des ressources, le développement d’une pêche performante et de qualité, et le renforcement de la compétitivité pour capter de nouveaux parts de marché tant au niveau national que mondial.

L’objectif de cette stratégie est d’instaurer une adéquation entre la flotte en activité et le disponible en ressources halieutiques, tout en œuvrant à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui menace à la fois la ressource, la performance et la compétitivité du secteur ainsi que la santé du consommateur, assure-t-on.

Dans son volet scientifique, le salon international « Halieutis » prévoit plusieurs autres conférences et tables rondes animées par des experts du secteur et traitant des options de « gestion face aux changements globaux », de « L’aquaculture, enjeux et perspectives de développement », et des « Opportunités et tendances du marché ».

Organisé sous l’égide du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, le salon qui en est à sa première édition, connait la participation de 30 pays, 200 exposants et 300 enseignes représentant les différents pôles du secteur.

MAP


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