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Les incendies de forêts, un fléau dont la gestion passe par des actions concertées agissant directement sur les causes.

Les incendies de forêts, de par les effets néfastes qu’ils engendrent aussi bien sur l’économie que sur l’environnement, demeurent un fléau de taille dont la gestion passe par des actions et des stratégies concertées agissant directement sur ses causes, tout en prônant une véritable coordination entre les différents intervenants.

-(Par Samir Lotfy)-

C’est dire que la lutte contre les incendies de forêts en tant que facteur responsable de la destruction des paysages et de milieux forestiers dont, la reconstitution n’est pas toujours aisée, suppose la conjugaison des efforts des différents acteurs pour plus d’efficacité et d’efficience.

Aussi, il serait très approprié d’adopter une approche globale et intégrée et ce, depuis la phase de la prévention, en passant par la phase d’intervention (lutte) où, la coordination entre les services concernés s’avère indispensable, pour arriver enfin au stade des poursuites des contrevenants surtout, lorsque le feu de forêt est le résultat direct d’une intention criminelle.

Selon des statistiques officielles, au cours des dix dernières années (2001-2011), une superficie moyenne de 4,5 ha par an a été envahie par les feux, avec un taux très élevé en 2010 (343,33 ha) et un minimum en 2003 (0,08ha). Ce qui laisse constater qu’il s’agit bel et bien d’une partie du patrimoine écologique national qui est mise en péril.

+ Un potentiel forestier important à préserver au niveau régional+.

La région de Marrakech Tensift El Haouz recèle des potentialités naturelles importantes, avec un cortège floristique varié et un tissu forestier estimé à 700.000 ha, composés d’espèces résineuses et feuillus réparties comme suit : Chêne vert (146.230 ha), Arganier (146.230 ha), Thuya (136.440 ha), Genévrier thurifère (56.954 ha), Cyprès de l’Atlas (3.870 ha) et le Pin (3.225 ha).

Toutefois, il convient de signaler qu’une telle richesse n’est pas sans augmenter le risque de voir le couvert forestier d’une telle région sérieusement exposé à ce fléau, a confié à la MAP, le directeur régional des Eaux et Forêts de Marrakech et Haut Atlas, M. Mohamed Issoual, faisant observer que la sensibilité au feu dépend de l’espèce dominante et de la densité du peuplement dont les plus vulnérables sont les résineux (pins, Thuya etc.) et la tetraclinaie.

Il a fait savoir aussi que l’arganeraie devient également sensible au feu dans les années pluvieuses, permettant la production de végétation annuelle qui, en séchant l’été, constitue un risque pour le déclenchement et la progression du feu.

+Les incendies de forêt, un phénomène aux multiples causes+

Bien que les causes des incendies sont inégalement connues, les recensements et enquêtes menés par les services compétents ont montré que la majorité des causes sont d’origine humaine et peuvent généralement être dues à la malveillance (carbonisation et utilisation non contrôlée des feux par la population, bergers, apiculteurs et passagers), a rappelé M. Issoual.

Et d’ajouter que d’autres causes sont d’origine accidentelle voire même, criminelle alors que l’imprudence peut également servir de véritable cause d’incendie (jets de mégots, pique-nique en forêt, jeux d’enfants, etc.),

Quant aux facteurs de propagation des feux, il est à noter qu’ils sont, en grande partie, liés à la structure et la composition du couvert végétal dans la mesure où, sa combustibilité détermine souvent son aptitude à propager le feu en se consumant, a-t-il encore expliqué.

D’autres facteurs sont liés à l’existence des vents, leur vitesse et leur direction ou encore, à la nature des terrains, avec un risque de propagation très élevé dans les zones accidentées (reliefs, pentes etc.).

+ Les incendies de forêt une calamité aux conséquences et impacts néfastes+.

Les incendies de forêts peuvent être qualifiés de facteur principal de la dégradation des forêts dans la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz et plus particulièrement au niveau de la province d’Essaouira, a indiqué M. Issoual, faisant observer que le feu de forêt peut avoir aussi des conséquences lourdes, à la fois, sur les vies humaines, les biens et sur l’environnement M. Issoual.

Il a, en outre, déploré l’absence d’un bilan économique chiffré, détaillé et systématique des dégâts occasionnés par les incendies de forêts dans la région, relevant que ces impacts et conséquences altèrent généralement le milieu naturel à travers, la perte de la diversité biologique et la destruction de la faune notamment, la microfaune qui demeure très sensible à la chaleur du feu.

M. Issoual a fait observer, dans ce sens, que le passage d’un incendie au sol peut entraîner une perte en éléments minéraux, en particulier l’azote, voire même favoriser l’érosion du sol, avant de souligner que bien que les incendies de forêt fassent partie des risques naturels majeurs dans la région, leur déclenchement et arrêt, sont très dépendants de l’action de l’homme.

Il a tenu à préciser, dans ce cadre, que jusqu’au 26 août dernier, le nombre de départs de feux enregistrés durant l’année en cours, est de 19 dont, 15 se retrouvent dans les forêts d’Essaouira, faisant observer que la superficie totale touchée est d’environ 149 ha, principalement composés de strate herbacée sans pour autant causer beaucoup de dommages dans la formation arborée, étant donné la célérité et l’efficacité de la détection et l’intervention des équipes.

Et d’ajouter que cela signifie des baisses respectives de près de 58 pc et 48 pc en termes de superficie incendiée et de nombre de départs de feux et ce comparativement à la même période de l’année précédente.

Il a estimé également que les écosystèmes forestiers demeurent loin d’être épargnés des incendies ce qui rend indispensable la promotion, chaque année, d’une veille systématique et son accompagnement d’une stratégie de prévention et de lutte conte ce fléau.

+ Une mobilisation annuelle pour faire face à ce fléau+.

M. Issoual a, d’autre part, souligné que pour faire face à ce fléau, chaque année, la DREFLCD du Haut Atlas et Marrakech mobilise des moyens humains et financiers considérables pour mener à bien les opérations de prévention et de lutte, relevant qu’en partenariat avec l’ensemble des intervenants concernés, notamment la Protection Civile, la Gendarmerie Royale, les Forces Armées royales, les Forces Auxiliaires et les Autorités locales, la direction des eaux et forêts de Marrakech met en oeuvre annuellement un programme d’action de prévention et de lutte contre les incendies de forêts, qui s’articule autour de trois composantes principales à savoir la prévention, la détection et alerte et la lutte contre ce fléau.

Abondant dans le même sens, Melle Nawal Bousder, chef de service du partenariat pour la conservation et le développement des ressources naturelles à la direction régionale des eaux et forêts de Marrakech a mis l’accent sur l’importance de la prévention et son rôle de taille dans l’atténuation de l’impact des incendies de forêts à travers notamment une série d’actions telle que la sensibilisation du grand public et l’organisation de rencontres au niveau des douars.

Un accent particulier est mis aussi sur l’interdiction des activités forestières qui font usage de feu en forêts, le lancement d’opérations sylvicoles et d’entretien des plantations, et le renforcement des infrastructures et des équipements en milieu forestier, a-t-elle poursuivi.

En ce qui concerne la détection et l’alerte, elle a estimé qu’il s’agit là de l’un des clés de réussite de l’intervention, notant qu’une série de mesures est adoptée dans ce sens, entre autres, le renforcement de la surveillance en forêt dans les zones à haut risque par des guets mobiles et fixes, la consolidation du réseau de communication pour améliorer la transmission de l’alerte et la coordination des interventions, et l’élaboration des cartes de risques des incendies de forêts au niveau des différentes unités territoriales.

Au sujet de la lutte contre ce fléau, Melle Bousder a fait savoir qu’elle permet d’agir sur le phénomène en temps réel, tout en complétant la prévention et la détection.

Et de préciser que, cette année, un budget de 11 millions de DH est mobilisé par la DREFLCD du Haut Atlas pour le recrutement des guetteurs, l’aménagement des points d’eau, la réhabilitation et l’entretien des pistes, l’aménagement de tranchées par feu et la construction de postes vigies.

(MAP)

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