Mme Nadia ZEDDOU, ingénieur agroenvironnement au département de l’Energie et Agroéquipements à à l’Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II de Rabat, prépare une thèse doctorale portant sur le volet énergétique de la modernisation de l’agriculture marocaine. Ce travail permettra d’avoir des outils de diagnostic et d’analyse de la consommation énergétique du secteur agricole du Maroc.
Le secteur agricole est l’un des secteurs phares de l’économie marocaine. Avec une contribution de 14% dans le PIB national, l’agriculture remplit un rôle socio-économique crucial en offrant 43% d’emplois pour la population active et en assurant les revenus stables pour 80% de la population rurale.
L’agriculture marocaine est aussi considérée comme un secteur polluant, à cause des usages non raisonnés des produits chimiques, des emballages non recyclés des produits utilisés, et des résidus culturaux non valorisés. D’ailleurs le potentiel énergétique de la biomasse au Maroc, y compris les résidus des cultures et les déchets de l’agro-industrie, a été estimé à 950 MW (www.siem.ma). Un gisement énergétique important, mais non exploité, qui peut être déployé pour satisfaire entre autre, une partie des besoins énergétiques du secteur agricole.
En restant dans l’optique énergétique, il est à savoir que l’agriculture marocaine représente 18,7% de la balance énergétique finale du pays soit 2 204 milles tep (MEM, 2010). Cette consommation est dominée par les énergies fossiles représentées par le gasoil et l’essence avec 57%, le butane et le propane avec 28% et en dernier lieu l’électricité qui ne satisfait que 15% des besoins énergétiques de l’agriculture (MEM, 2010).
Dans une approche comparative, l’agriculture marocaine reste un secteur énergivore par rapport aux pays développés, notamment la France, l’Italie, l’Espagne…etc. où le secteur agricole représente une moyenne de 3% de la consommation énergétique finale avec parfois des parts qui tendent vers zéro comme en Allemagne où l’agriculture ne consomme que 1,1% de l’énergie totale. (Eurostat, 2009). Cette faible consommation du secteur agricole européen reflète en partie les efforts et les travaux d’optimisation de l’usage de l’énergie réalisés depuis une vingtaine d’années.
En revenant à la situation au Maroc, on trouve que l’énergie dans l’agriculture n’a pas suscité un intérêt parallèle à celui dont a bénéficié tout le secteur surtout après le lancement du Plan Maroc Vert (PMV) en 2008 et son entrée en vigueur en 2009. Par conséquent, la consommation énergétique, et dans l’absence de mesures d’efficacité énergétique, a connu une croissance de 17% entre 2007 et 2010, soit une hausse de 6% par an après seulement 2 ans de démarrage du PMV. C’est un taux qui reste alarmant, surtout que les directives de la stratégie agricole prévoient une augmentation de 53% de la mécanisation, de 350% d’irrigation localisée, de 78% d’usage d’engrais…etc. Ainsi, les besoins énergétiques agricoles auront tendance à augmenter tout en engendrant des impacts négatifs sur la facture énergétique nationale qui a été chiffrée à 19 millions de Dh en fin mars 2011. (HCP, 2011).
Ainsi, rationaliser la consommation du secteur agricole marocain s’impose par force tout en devenant un moyen de réduction des charges fixes liées à l’approvisionnement des entreprises agricoles en énergie directe ou indirecte. En effet, les quelques expériences d’audit énergétique qui ont eu lieu au Maroc ont mis en évidence un potentiel d’économies moyen qui avoisine les 30%, toutes catégories d’énergie comprises (GPL, Electricité et Gasoil).
L’agriculture au Maroc et par conséquent son volet énergétique sont en pleine croissance, offrant ainsi d’importantes opportunités d’optimisation et de valorisation, de recherches scientifiques et de mise en place de systèmes de production agricole qui seront durables et intégrés.
Nadia Zeddou
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