La conférence sur le Plan solaire méditerranéen (PSM), qui s’est déroulé les 11 et 12 mai 2010 à Valence (Espagne) dans le cadre de la présidence espagnole de l’Union européenne, aura eu, comme principal sujet de l’ordre du jour, l’approbation des recommandations effectuées par la Femip la veille dans la même ville. La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) regroupe l’ensemble des instruments mis à la disposition par la Banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays partenaires méditerranéens.
Présentées par Philippe de Fontaine Vive, vice président de la Banque européenne d’investissement (BEI), aux délégations de pays membres et non membres de l’Union européenne, ces recommandations visent à favoriser la mise en place du PSM et à en pointer ses handicaps. Elles sont le fruit d’une étude, réalisée avec le concours des consultants de Montgomery Watson Harza (MWH) qui aura alimenté les réflexions à l’ordre du jour de la conférence de Valence.
Développer les énergies renouvelables est une des six priorités retenues en juillet 2008 par le sommet de l’UpM qui a confié en novembre 2008 à la BEI la rédaction d’une feuille de route pour le Plan solaire méditerranéen. Selon les résultats préliminaires de l’étude présentée à Valence, le bassin méditerranéen pourrait développer une puissance installée supplémentaire de 20 GW en énergies renouvelables dans la région euro-méditerranéenne d’ici à 2020. C’est en tout cas ce qui ressort des projets éoliens, solaires et hydrauliques identifiés par la BEI. Tous n’en sont pas au même niveau de maturité, loin de là.
Au point que la Femip envisage deux scénarios. Un, à minima, qui ne verrait que les projets les plus avancés mis en œuvre, soit une capacité de 4,1 GW atteinte d’ici l’échéance 2020 et une autre, hypothèse haute, qui permettrait à la totalité des dossiers identifiés d’arriver à terme dans dix ans.
Reste que, comme le relève l’étude, « les deux scénarios correspondent respectivement à 19% et 53% de l’objectif du PSM pour 2020. » Nous sommes donc bien loin du compte.
Les principaux freins à ce développement résident d’abord dans le fait que le chiffre proposé de 20 GW relève d’un compromis au sein de l’UpM dont certains des membres sont des producteurs de pétrole et de gaz !
Ensuite, il faut considérer le coût d’amorçage de tels procédés. Selon les deux scénarios, il oscillerait entre 7 et 21 mds€. Pour Antoine-Tristan Mocilnikar, responsable Environnement et Développement durable à la Mission UpM en France, » le financement le plus aisé serait avec les trois quarts de l’énergie consommées sur place et un quart à l’extérieur. 1/5 ème de l’électricité pourrait revenir en Europe donc il s’agira d’une importation massive d’électrons verts. »
Enfin, produire de l’électricité verte c’est bien. Mais, encore faut-t-il pouvoir la distribuer. » Les pays partenaires méditerranéens devront renforcer leurs réseaux de transmission électrique et adapter en parallèle les normes de leur réseau afin d’augmenter au maximum la capacité d’intégration des énergies renouvelables dans leur système » recommande l’étude du PSM.
Comme le précise Pedro Marin Uribe, secrétaire d’état espagnol à l’Energie, « le Maroc et l’Espagne proposent la seule connexion électrique reliant le nord et le sud de la Méditerranée. » Et c’est bien là que le bat blesse comme le reconnaît Antoine-Tristan Mocilnikar : » les réseaux ce sera le plus dur» Un consortium d’industriels se forme et prendra le nom de Transgreen. Leur objectif : donner à court terme une feuille de route sur un premier maillage de réseaux de 5 000 MW. »
En parallèle du PSM, plusieurs idées ont émergé de cette réunion espagnole comme la création d’un Fonds méditerranéen de l’énergie propre ou de la mise en réseau de villes durables proposées par le Maroc, mais aussi la création d’un fonds carbone méditerranéen suggéré par Antoine-Tristan Mocilnikar.
Le libre-échange énergétique ne semble toutefois pas pour aujourd’hui malgré les discours optimistes des Européens. Soucieux, notamment des problèmes de financement, les Méditerranéens de la rive Sud ne se sont pas privés de demander à l’Europe d’avancer plus rapidement pour faire émerger des projets d’envergure. Ils réclament aussi une gouvernance paritaire du Plan solaire méditerranéen, une démarche participative et des instruments d’investissements novateurs.
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