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Efficacité énergétique : quel retour sur investissement ? quels financements ?

Aujourd’hui, chaque dirigeant d’entreprise peut investir en efficacité énergétique, sans quasiment avancer de fonds. Plus précisément, pas plus que ce que celui-ci paie déjà dans sa facture mensuelle. C’est ce qu’offrent les sociétés de services énergétiqes (ESCO pour l’acronyme anglais). Elles garantissent une réduction de la consommation énergétique en assumant elles-mêmes les risques. Elles recherchent les financements nécessaires et mettent en place le projet. Elles se rétribuent en gardant une partie des des économies réalisées. Malgré l’intérêt de ce modèle économique, peu d’entreprises recourent à leurs services.
Cette activité est peu développée dans de nombreux pays dont le Maroc. En Europe du Nord et Etats-Unis, les sociétés de services énergétiques fonctionnent depuis plusieurs années. Elles pourraient permettre d’importantes économies d’énergies ( et réductions d’émissions CO2) et contribuer à l’émergence d’une filière économique verte, le green business avec les emplois induits. Néanmoins, les plans gouvernementaux ne fonctionnent, malheureusement, pas comme prévu, dans leur ambition de promouvoir et de l’efficacité énergétique. Les obstacles sont nombreux : bureaucratie excessive, scepticisme des consommateurs, manque de motivation des acteurs, manque de contrôle sur les gaspillages d’énergie et méconnaissance des possibilités offertes.
Les sociétés de services énergétiques fonctionnent selon deux méthodes. Le premier modèle est celui des économies garanties : l’entreprise prestataire de services énergétiques élabore l’étude du projet pour implanter un procès d’efficacité énergétique, cherche le financement pour le client, assure l’exécution et la supervision du projet durant les sept ans que dure chacun des projets. Leurs honoraires sont intégrés tout au long la durée totale de chaque projet. Le client garde le bénéfice de toutes les économies réalisées. Le deuxième modèle est celui des bénéfices partagés : l’entreprise de services énergétiques assume le crédit nécessaire à la réalisation du projet et le client ne paie rien de plus que ce qu’il paie déjà. L’entreprise de services énergétiques se rétribue sur les économies réalisées, sur les premières années du contrat. Ensuite, le client en garde le plein bénéfice.
L’intérêt environnemental paraît évident surtout, en additionnant toutes les économies potentielles. Mais… Quel est le bénéfice économique pour chaque client ? La perception de ce gain n’est pas similaire selon le poids des dépenses énergétiques dans les dépenses globales. Dans un hôpital, elles représentent moins d’1% des dépenses globales mais dans les cimenteries, elles peuvent représenter plus de 80% des dépenses opérationnelles.
L’Association européenne des entreprises de services énergétiques estime que, toutes industries confondues, les dépenses énergétiques représentent 15%-25% des dépenses d’exploitation. Dès lors, 40% d’économies d’énergie réalisées correspondent à un gain de marge d’environ 8%. Trop peu pour justifier des engagements contractuels aussi longs à moins de mobiliser d’autres leviers de motivation.


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Commentaires

Une réponse à “Efficacité énergétique : quel retour sur investissement ? quels financements ?”

  1. Avatar de Nadia ZEDDOU
    Nadia ZEDDOU

    L'efficacité énergétique (EE) au Maroc, est un axe en pleine phase de croissance. Un axe qui tient sa force de trois éléments essentiels :
    1.La stratégie énergétique nationale, au niveau de laquelle, l’EE a été considérée comme source d’énergie. En effet, le potentiel d’économies d’énergie réalisable dans la majorité des secteurs vitaux offre une source d’énergie indépendante qui peut être déployée vers d’autres usages.
    2.L’aspect financier : l’EE est avant tout un outil qui permet de réduire les charges de fonctionnement des établissements (publiques et privés) à travers notamment la réduction des factures énergétiques.
    3.L’aspect environnemental : l’EE permet de préserver l’environnement. D’abord par la réduction de la consommation énergétique en amont. Ensuite, par la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) qui sont en forte corrélation avec la consommation énergétique, d’où une contribution dans la mitigation des changements climatiques (CC) en aval.
    Actuellement au Maroc, les décideurs sont de plus en plus conscients de l’importance de l’EE. Ainsi, on assiste à une demande croissante pour réduire les dépendances énergétiques de leurs établissements. Une demande qui a conduit à l’apparition de nouveaux cabinets spécialisés dans ce secteur mais aussi à une intégration de l’EE au sein des cabinets existants.
    En revenant au modèle de services énergétiques cités par l’auteur, l’expérience sur le terrain a montré que le développement de l’ESCO au Maroc reste très contraint par le faible engagement des établissements financiers (banques, établissements de crédits…etc.)
    Quant au deuxième modèle, il s’avère le plus adapté au contexte marocain et ce malgré les problèmes qui peuvent apparaître au moment du paiement de l’entreprise qui a réalisé l’étude et les investissements par le client.

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