Article de la série « Les mots du Développement Durable » en collaboration avec « Comprendre le Développement durable », le blog de Dominique Bidou, Expert ddont vous pouvez retrouvez quelques idées à ce lien

Encore un mot d’une grande richesse, aux nombreuses significations dont l’enchevêtrement est bien utile pour comprendre le développement durable.

Par exemple, on nous dit un jour qu’il y a trop d’ozone dans l’air, et que c’est dangereux, et le lendemain, nous entendons à la radio le message opposé, que la disparition de l’ozone dans l’air nous fragilise, qu’une protection indispensable à la vie humaine s’affaiblit de jour en jour. Où est la vérité ? Les spécialistes souriront, eux qui savent qu’on ne parle pas de la même chose, que l’ozone de l’air que nous respirons n’est pas le même que celui de la haute atmosphère qui nous protège des excès du rayonnement solaire. Avouez cependant que ce n’est pas évident pour le profane, qui reçoit tous ces messages d’une oreille distraite, le matin, en prenant son petit déjeuner, ou le soir en annexe des bulletins météo. C’est que l’air est une formidable invention. Un seul gaz aux multiples usages : il sert à notre combustion interne, avec les poumons comme soufflerie ; il renvoie vers l’infini des rayonnements indésirables ; et il est le siège de nombreuses activités, de la vie des oiseaux au transport aérien, en passant par le souffle d’Eole, source d’énergie inépuisable, ou presque. L’air est complexe, et c’est cette complexité qui lui permet de répondre à plusieurs besoins.

Dans la pratique, ce ne c’est pas passé comme ça. Nul créateur n’a composé l’air pour l’ensemble de ces missions, mais à l’inverse, l’espèce humaine, comme toutes les autres formes de vie à la surface de la planète, s’est développée en utilisant au maximum les potentialités offertes par les éléments et notamment l’atmosphère. Il n’y a pas que les gaz qui occupent tout le volume qui lui est offert, la vie en fait autant. Encore faut-il ne pas changer la composition de l’air, car il faudrait alors s’adapter à cette nouvelle formule, et ce n’est pas toujours facile, ni même possible, surtout si cette transformation est rapide, et ne donne guère de temps pour une quelconque forme d’adaptation.

Le caractère protecteur de l’air, nous l’avons entrevu avec la question de la couche d’ozone, qui nous préserve de cancers et autres agressions des rayonnements solaires. Attaquée par des produits inoffensifs en basse altitude mais virulents dans les conditions physiques de la haute atmosphère, cette couche voit son épaisseur se réduire au point qu’on y voit des trous. Il faut donc reconstituer la couche d’ozone, et pour cela, arrêter tout simplement de la détruire, et donc d’émettre les gaz nocifs. La haute atmosphère est alimentée par tout le monde, à la surface du globe, et il faut que tout le monde s’y mette. Bonne nouvelle, après des années de discussions, il semble qu’on soit parvenu à se mettre d’accord et les scientifiques pensent que, progressivement, la couche d’ozone se regonfle, et que la question soit, à terme, résolue. Il faudra malgré tout que chacun respecte ses engagements.

Il en est tout autre chose des gaz à effet de serre. Nous sommes là encore dans un volet grands enjeux pour la planète. Ce n’est pas le même mécanisme que pour la couche d’ozone, il s’agit de la composition de l’atmosphère, qui régit sa capacité de rétention de l’énergie que le soleil nous envoie. L’impact n’est pas ici sur notre peau, mais sur la quantité d’énergie stockée par la planète et les équilibres qui en résultent. Les gaz à effet de serre, qu’il faudrait réguler, sont nombreux, mais le plus lourd en termes d’impact est le gaz carbonique, issu de la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz naturel. Ce sont d’immenses quantités de carbone enfouies dans les sédiments terrestres au cours de plusieurs millénaires qui sont ainsi relâchés dans l’atmosphère en quelques dizaines d’années, essentiellement depuis la révolution industrielle, et avec une accélération constante qui rend le phénomène difficilement réversible. Le réchauffement climatique est un enjeu majeur du développement durable à l’échelle planétaire. Les solutions doivent être trouvées à cette échelle, et c’est bien difficile car c’est la croissance économique traditionnelle qui est en cause, avec des peuples dont les niveaux de développement tellement inégaux compliquent toute négociation globale. Le constat est à peu près reconnu aujourd’hui, mais l’accord mondial pour des réponses effectives ne s’est pas fait, malgré quelques initiatives partielles ou régionales.

Quant à l’air que nous respirons chaque jour, c’est autre chose. On parle beaucoup de qualité de l’air, et les jours de pollution, on lance des alertes sur les ondes, on réduit la vitesse des voitures, ainsi que l’activité de certaines industries. Pas de vie humaine sans air à respirer, et si possible un air de bonne qualité. De nombreux produits sont disséminés dans l’air, par les pots d’échappement, les cheminées des usines et nos usages personnels à la maison, pour se chauffer, produire son eau chaude et faire la cuisine. Il faut y ajouter des produits naturels, comme le pollen des fleurs, auxquels certains sont sensibles, et on obtient un air composite, dont les qualités n’ont rien à voir avec celles de l’air d’altitude. Dans les maisons, chacun ajoute ses polluants personnels, comme des solvants, des produits d’entretien, sans oublier les fleurs qui égaient nos intérieurs.

Le développement durable, ce n’est pas que l’air du temps, ou un air de musique malgré les affinités que l’on peur déceler, c’est une gestion coordonnée des nombreux services que l’air nous rend. Il arrive que des conflits apparaissent entre luttes contre la pollution dite globale, à l’échelle de la planète, et contre la pollution dite locale, qui affecte l’air que nous respirons. Les moteurs diesel de nos voitures, par exemple, ont un meilleur rendement, et émettent moins d’oxydes de carbone dans l’atmosphère pour un kilomètre parcouru, mais au prix d’une pollution locale plus forte, notamment en particules. Il faut alors sortir de cette contradiction par le haut, par la recherche sur les moteurs et les véhicules d’une part, mais aussi sur l’organisation de nos sociétés et les besoins de mobilité qui en découlent. La question est complexe, il y va de notre santé, de notre qualité de vie et de nos envies de voir du pays, de bouger pour le plaisir, de notre efficacité pour produire les biens et les services dont nous avons besoin, des grands équilibres planétaires, et de bien d’autres choses encore. Il faut gagner sur tous ces tableaux à la fois. C’est un des défis que doit relever l’espèce humaine pour que son développement soit durable.

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