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Le Maroc n’est pas un pays forestier par nature. En revanche la diversité des écosystèmes y est remarquable. C’est ici le premier enjeu notable. Si rien n’est fait, le risque de perdre cette richesse est grand, avec tout ce que cela peut représenter pour le peuple marocain en termes de biens et services éco-systémiques. Les écosystèmes naturels marocains sont en effet très vulnérables à la dégradation et les pressions anthropiques ne sont pas les seules qui menacent ces écosystèmes. En effet les changements climatiques, la désertification se font sentir depuis de nombreuses années.

Quelles sont donc les stratégies nationales mises en œuvre face à ce déficit ? Ces stratégies sont-elles efficaces ? Sinon, comment faire évoluer les politiques, quelles actions à mener ?

Formaliser la filière :
Seulement 4% des volumes de bois vendus au Maroc passent par les circuits commerciaux légalement reconnus (ADEREE, 2008). La maîtrise insuffisante de la filière est à l’origine de conséquences économiques et sociales considérables. La dégradation du patrimoine naturel du pays, qui échappe en partie au contrôle des autorités, aurait un coût annuel de 15 à 20 milliards de dirhams, soit 3 à 5 % du PIB national (estimation Banque Mondiale).

Réduire la demande :
Il convient certainement de réduire la demande de bois-énergie. On salue d’ailleurs le choix que le Royaume a fait depuis longtemps de substituer le bois-énergie par le gaz. On sait ce qu’il en coûte à la Caisse de compensation de subventionner le gaz domestique, et c’est un choix stratégique remarquable, digne d’un Etat responsable qui veut préserver ses ressources limitées. On note par ailleurs les efforts développés pour l’essor d’autres énergies telles que le solaire et l’éolien mais celles-ci rentrent peu dans la cuisson domestique.

Renforcer l’efficacité énergétique :
Des prototypes de cuisinières et de chaudières à bois ont été testés et montrent des résultats variables, parfois encourageants. Dans l’ensemble ces actions sont anecdotiques, leur impact reste donc marginal sur la demande nationale alors qu’il pourrait être significatif si le secteur (artisans, porteurs de projets) était professionnalisé et les pratiques standardisées (labels etc.)

Planifier l’approvisionnement :
La substitution par le gaz a fonctionné dans presque tout le royaume. Mais le gaz pénètre encore mal dans certaines zones enclavées de montagne. Il demeure donc une demande incompressible de bois-énergie qui peut s’expliquer soit par les difficultés d’accès soit par des facteurs socioculturels (hammams, cuisson du pain, grillades etc.)
De plus on imagine sans difficulté les grandes inégalités entre les régions du Royaume, entre un Rif humide et boisé et un Sahara marocain désertique. Il en résulte une surexploitation locale. Il faudrait donc répartir les prélèvements sur l’ensemble du domaine boisé jusqu’à sa limite de productivité. Ainsi, villes et villages seraient inscrits dans des bassins d’approvisionnement tel un bassin versant hydrique se déversant à son exutoire.

Concevoir des systèmes de gestion délégués innovants :
Le manque d’intéressement des populations rurales dans la gestion de leurs terroirs forestiers est souvent mis en cause pour expliquer les échecs des projets de préservation. Juridiquement parlant, on ne reconnait que trop peu le droit des populations riveraines de formations boisées de protéger, gérer et user de leur patrimoine. Sans un effort d’intéressement, ces populations ne peuvent en percevoir justement les avantages. Ceci comporte le risque de voir convertir les forêts en terres agricoles sous le simple effet de la pression démographique. Faciliter le développement de coopératives forestières constituerait une innovation pour le Maroc.

Formaliser une filière efficace, planifier des approvisionnements à travers des systèmes de gestion délégués aux communautés riveraines ne pourra se faire sans moyens humains et financiers ce dont souffre aujourd’hui les services forestiers. La formalisation du secteur forestier et de la filière bois-énergie passera donc également par la levée de taxes pour financer le contrôle forestier.

Arnaud Guidal_CV 2012_FR_v8

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