Les chefs d’État et de gouvernement africains ont célébré la Journée de l’Afrique, mercredi 16 novembre 2016, en marge de la 22e Conférence des Parties à la CCNUCC (COP22). Pour l’occasion, le Pavillon Afrique a abrité une série de débats stratégiques ciblés sur la ratification et la mise en œuvre de l’Accord de Paris, ainsi que les initiatives majeures lancées à l’échelle du continent pour appuyer les efforts des États membres.
Le Président de la République de Guinée, Alpha Condé, a dirigé les travaux de la rencontre de haut niveau à laquelle ont participé les Présidents Ian Khama (Bostwana), Ellen Johnson Sirleaf (Libéria) et Faure Gnassingbé (Togo). Étaient aussi présents des ministres venant de tout le continent, les responsables d’institutions panafricaines – Commission de l’Union Africaine, Banque africaine de développement, Commission économique pour l’Afrique, Agence de planification et de coordination du NEPAD –, ainsi que des représentants des partenaires pour le développement.
La Journée de l’Afrique avait pour thème : « Traduire les engagements en actions avec les Contributions déterminées au niveau national (CDN) ».
Le changement climatique est l’un défis les plus importants auxquels la planète est confrontée, et l’Afrique en subit d’ores et déjà certains des effets les plus graves. Voilà pourquoi les dirigeants du continent y ont répondu de manière proactive avec la création du Comité des chefs d’État et de gouvernements africains pour la lutte contre le changement climatique (CAHOSCC) et du Groupe des négociateurs africains (AGN) sur le climat, qui ont grandement pesé jusqu’ici sur les négociations internationales.
La présence des chefs d’État à la COP22 et l’organisation de la Journée de l’Afrique soulignent encore davantage l’importance donnée à la défense des intérêts du continent, dans le cadre mondial de gouvernance pour la lutte contre le changement climatique comme dans la définition de la feuille de route visant à réduire la hausse globale des températures à un niveau « bien inférieur » à l’objectif de 2° C – le seuil maximum à ne pas franchir si l’on veut éviter des évolutions dangereuses du système climatique, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
La COP21, organisée à Paris en novembre et décembre 2015, a abouti à l’Accord de Paris, dans lequel les Contributions déterminées au niveau national (CDN) constituent le principal mécanisme de réduction de la hausse globale des températures. À ce jour, 46 pays africains ont signé l’Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre 2016 après que 27 des 103 pays signataires dans le monde l’ont ratifié.
L’Afrique s’est saisie de l’occasion offerte par la COP22, dite « COP de l’action », pour faire preuve de leadership dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, au travers des CDN et en veillant à ce que les moyens de mise en œuvre – en l’occurrence les financements, le renforcement des capacités, le développement et le transfert des technologies, qui en sont la pierre angulaire – soient prévus.
Au-delà de la COP22, l’alignement des CDN sur les priorités et les initiatives de développement nationales existantes reste une question centrale. La mise en œuvre de l’accord sera facilitée et soutenue par les initiatives et programmes panafricains qui s’articulent autour d’une série de partenariats – l’Initiative pour l’adaptation en Afrique (IAA) et l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI par acronyme anglais) notamment. Bénéficiant de l’appui des gouvernements français et allemand, l’AREI entend ainsi atteindre 300 gigawatts au moins de capacité en énergies renouvelables d’ici à 2020.
Soulignant l’importance de l’accès à l’énergie, le président Condé a fait ressortir que 700 millions d’Africains – sur près d’un milliard – n’ont toujours pas accès à l’électricité. « Nous nous battons depuis 2002 pour que la production d’électricité s’accélère et s’intensifie » a-t-il rappelé, exprimant par ailleurs sa satisfaction à l’égard du financement de l’initiative AREI, signe selon lui de la volonté de l’Europe de tenir ses engagements en matière de mise en œuvre.
Pour le président Condé, l’Afrique doit se développer sur la base d’un mix énergétique : « nous devons aussi nous développer rapidement ; et plus vite l’Afrique aura accès à l’électricité, plus vite l’Afrique se développera ».
Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, en est convaincu : l’énergie est le moteur de la croissance et du développement de l’Afrique. Il a insisté sur la nécessité d’un mix énergétique composé de systèmes sur et hors réseau. Et de plaider : « Transformons les promesses sur papier en projets concrets. Travaillons ensemble au succès de l’Afrique. Éclairons et alimentons l’Afrique en énergie ! »
« Toutes ces initiatives s’inscrivent parfaitement dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, dont l’objectif est de bâtir une Afrique prospère, fondée sur une croissance inclusive, et qui met l’Afrique sur la voie d’un développement durable centré sur des programmes résilients face au changement climatique, tandis que nous contribuons à protéger notre environnement en développant les énergies renouvelables », a indiqué la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, dans une déclaration lue en son nom par Elham Mahmoud Ahmed, commissaire chargé de l’Énergie et des Infrastructures pour la Commission de l’UA.
Abdalla Hamdok, secrétaire général par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a quant à lui souligné l’importance de faire coïncider les initiatives de lutte contre le changement climatique en Afrique et les efforts de développement durable, faisant remarquer que « les impacts du changement climatique en Afrique gagnent en complexité, entraînant des menaces nouvelles et émergentes sur les vies humaines et les moyens de subsistance, de nouvelles dynamiques migratoires, des catastrophes naturelles, des conflits et des opportunités économiques manquées».
Le ministre égyptien de l’Environnement et président de la conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN), Mohammed Fahmy, a également salué ces initiatives et encouragé une mise en œuvre fondée sur la gouvernance et la transparence.
Les présidents de la COP21 et COP22, Ségolène Royal (France) et Salaheddine Mezouar (Maroc), ont également pris part à l’évènement. « C’est une COP africaine, et les plus grandes économies doivent remplir leurs engagements vis-à-vis de l’Afrique », a déclaré la ministre française.
Salaheddine Mezouar, président de la COP22, a pour sa part annoncé que l’Afrique doit s’électrifier au meilleur coût possible, et c’est ce qu’elle fera. Et d’ajouter que la feuille de route de la COP22 devra « traiter la question du financement, de l’accès à l’électricité et du renforcement des capacités afin d’accroître le taux de réussite des projets […] », avant de souligner qu’il est temps de mettre fin aux idées reçues sur la capacité des pays africains à mener des projets à leur terme.